Une distraction à la loupe

L’Ifremer emboîte le pas pour contribuer à pérenniser la collecte de données sur la pêche de loisir et prendre en compte l’effort exercé sur les espèces marines.

Trois scientifiques seront désormais dédiés au nouveau réseau de collecte de données sur la pêche de loisir, dans un premier temps en Hexagone, puis en Outremer. Grâce au soutien financier de l’État, l’institut est en passe de recruter une coordinatrice opérationnelle pour la mise en place d’une méthodologie de collecte, avec l'expertise d’une statisticienne qui pourra orienter les besoins pour des analyses robustes de ces données. Un chercheur dédié aura également pour mission de développer un programme de recherche sur l'économie des pêches de loisir en mer.

L’enjeu est de taille pour la France. Le Système d’informations halieutiques de l’Ifremer -SIH- mettra donc à disposition tout le savoir-faire du réseau actuel qui n’observait jusque-là que la pêche professionnelle. Quatre principaux objectifs se dégagent. Le premier sera de stabiliser et renforcer la collecte de données, y compris sur le terrain, avec une méthodologie adaptée à la population de pêcheurs récréatifs, qui pratiquent du bord ou à partir d’un bateau. Pour suivre le cycle de vie de la donnée initié par le SIH, la seconde ambition sera de mener les adaptations nécessaires pour stocker les données de la pêche de loisir dans la même base que celle dédiée à la pêche professionnelle : Harmonie, et ainsi pérenniser les données et leur exploitation sur le durée. La troisième aspiration concerne la valorisation des données pour laquelle la rigueur scientifique s’impose, par l’intégration régulière des données au sein des évaluations de stocks. Enfin, le partage des données sera renforcé à la fois par des publications sur les connaissances acquises et par la production de jeux de données réutilisables dans des formats compatibles avec les standards européens.

Depuis 2004, les données collectées autour de ce loisir sont parcellaires et ne permettent pas toujours de répondre aux exigences de l’Union européenne en la matière. En 2016, l’inscription de la thématique dans la Directive-Cadre « Stratégie pour le Milieu Marin » -DCSMM- a permis d’intensifier la collecte grâce à des enquêtes mais des efforts restent à fournir pour produire des indicateurs fiables et exploitables concernant cet usage en mer. Durant les quatre prochaines années, la collecte de données sur la pêche récréative (hors pêche à pied) sera réalisée dans le cadre d’un marché de prestation qui prévoit de suivre l’activité d’un panel de pêcheurs volontaires. Chaque pêcheur est invité à renseigner ses activités dans un carnet de pêche, accessible via l’application mobile spécialisée Fishfriender. En complément, des rencontres sont prévues sur le terrain pour échanger directement avec les pêcheurs dans les ports ou sur leurs sites de pêche, et pour collecter des informations précises sur les données biologiques de certaines espèces.